mercredi 28 mars 2007

ENCORE UNE BAVURE POLICIERE

Témoignage poignant sur les évènements qui se sont réellement passés hier à la Gare du Nord. Cette nouvelle bavure, intervenant quelques jours après l'arrestation musclée d'un grand-père sans-papier venu chercher ses petits-enfants à Belleville, témoigne d'une réalité de plus en plus pressante, celle du glissement vers un Etat autoritaire, dont Mr. Nicolas Sarkozy en est l'instigateur.


Par Neal Santamaria, acteur militant sur le support Skazat


Je rentrais de Nice avec mes bagages quand j'arrive à Gare du Nord, vers 22h30. Là je sens une odeur de lacrymogène et je vois un monde fou, visiblement en colère pendant que les vigipirates (l'armée) et la police couraient dans tous les sens pour barrer certaines issues. Je demande à une fille la raison de toute cette agitation quand un type vient me voir, déclarant qu'il a tout vu. Je te donne la version telle qu'elle m'a été rapportée par plusieurs personnes (dont Karim qui se trouvait là à 21h).

Vers 15h, un gamin de 14-15 ans qui n'avait pas ses papiers et qui chahutait trop selon les contrôleurs se fait tabasser à la matraque par les flics de la station. Sur ce, une femme enceinte, se croyant protégée du fait de son état, intervient et insulte les flics matraqueurs. Elle se fait tabasser elle aussi et s'en sort avec un bras cassé. S'ensuit une agitation générale et une action "musclée" de la police qui met HS plusieurs personnes en essayant de repousser les gens. Peine perdue. Ils utilisent alors la lacrymo avec succès et bloque les entrées. Seulement Gare du Nord est une station où passent RER, bus et plusieurs lignes de métro ; si tu peux empêcher les gens de rentrer, tu ne peux pas les empêcher de sortir. L'agitation continue, au rythme des rames de métro et des badauds, tous choqués en voyant l'état des lieux. Certains, ulcérés défient ouvertement les forces de l'ordre qui continuent à répondre par la force. Les renforts arrivent et la confrontation prend encore de l'ampleur. Des vitres sont cassées et des pots de terre sont envoyés sur les flics. La situation est précaire, mais impossible de couper complètement le trafic. C'est à ce moment-là que j'arrive, je dépose mes bagages et repars aussitôt. Une amie et qqs potes du quartier étaient déjà sur place. Je constate l'utilisation systématique de la matraque. Des flics armés de flash balls et de boucliers bouclent la gare tandis que les renforts affluent, tant chez la police que chez les badauds. À 23h30, métro et ReR sont fermés pendant que les derniers voyageurs, maintenus en otage ne sortent de la gare qu'au compte goutte. À ce moment, l'une de ces personnes fait une crise de nerfs avant de se faire tabasser par les flics, les autres voyageurs s'énervent...matraquage général. Pendant ce temps, le pote de cette amie que j'avais rejointe insulte copieusement les policiers qui font toujours le guet devant la gare, en interdisant l'entrée à quiconque. Mon amie et moi arrivons malgré tout à nous faufiler et à voir brièvement ce qu'il se passe en bas avant de nous faire refouler de manière pour le moins "énergique". Ressortis, nous voyons les journalistes arrivés. Tout de suite nous les prenons à parti pour leur faire part de ce que nous avons vu. D'autres personnes se joignent à nous, avec parmi eux, un type qui essaie de nous expliquer que nous devrions nous estimer heureux ici en France et qu'en Égypte, un seul mail peut vous faire aller en prison. Le journaliste semble approuver...inquiétant. Nous engageons alors une discussion, se joignent encore d'autres personnes. À ce moment, une personne est envoyée discrètement vers le camion des pompiers, visiblement dans un sale état. Quelques esprits s'échauffent et les flics chargent. Nous reculons. Les flics avancent jusqu'au croisement alors que les camionnettes, les chars blindés se font de plus en plus nombreux. Au bout de la rue, les civils commencent à envoyer des casseroles, des canettes et des bouteilles sur les policiers. Mais les objets viennent à manquer. Qu'à cela ne tienne, ils font un feu qui détourne les bus de leur itinéraire. Me tenant derrière les flics, je crie à toutes les personnes ayant une caméra sur leur portable ou leur appareil photo de filmer ce qu'il se passe. À ce moment une bouteille tombe du ciel. Envoyée du 6e étage par une vieille dame. Devant les manifestants commencent à parler aux caméras. Certains disent qu'ils iront voter et que Sarko partira -ce à quoi un flic répond qu'il n'est plus au gouvernement depuis quelques jours. Une gamine dit que normalement on n'a jamais "l'occasion de rigoler à Paris" et qu'"il faut aller en banlieue d'habitude pour voir ça. Je lui fais alors remarquer que cette histoire n'est pas "fun", qu'il s'agit d'une femme enceinte frappée par les flics et qu'on assiste à la répression policière dans toute sa splendeur. Pendant ce temps, les pompiers éteignent le feu.

De plus en plus de personnes commencent à partir. Il est 00h30, un jour de semaine, et certaines personnes ont encore du trajet à faire avant de rentrer chez elles. L'agitation semble s'éteindre petit à petit. Je ne peux m'empêcher malgré tout de me poser quelques questions. Si la police n'était pas intervenue après leur "bavure" initiale, cette situation aurait-elle duré aussi longtemps ? Y aurait-il eu les blessés, le feu ? Les journalistes sont finalement venus filmer cet événement, mais comment en parleront-ils. Une phrase revenait souvent dans leur bouche : "ce pourrait être pire", ce à quoi je répondais : "ce pourrait être mieux et nous sommes nombreux ici à trouver ça désolant ! Et vous quel sera votre rôle ? 4e pouvoir ou porte-parole du gouvernement ?"

L'avenir proche répondra à moins à cette dernière question.

10 commentaires:

Anonyme a dit…

Une des choses qui me frappent (à part le fait que contraîrement à l'époque précédente, où c'étaient toours les mêmes qui trinquaient: les jeunes, les hommes,les pauvres, les pas blancs, maintenant personne n'est à l'abris de la barbarie policière (heu! dans un sens c'est mieux ! plus de justice! les catégories protégées vont elles aussi "savoir ce que c'est"!! dans un autre sens c'est pire: ça veut dire que les policiers ne respectent plus rien!) déjà avec l'affaire Brice Petit on a vu qu'on peut être bourgeois directeur de revue littéraire et être victime de bavure, maintenant même les femmes enceintes ne peuvent plus se croire "protégées"...)
Donc, la chose que j'ai remarquée c'est:

La vieille dame qui a jeté une bouteille depuis son 6ème étage. Maintenant ce n'st plus seulement les "jeunes", (vous savez, ces "sauvageons", sur lesquels s'abattent les sociologues, les "travailleurs sociaux", les matraques et les crachats des "bonnes gens") mais aussi les "vieux", qui retrouvent les solidarités des humanistes, des pauvres, des simples citoyens. Frappant! (si j'ose dire!).

Cette vieille dame anonyme, tout comme la directrice d'école de l'autre jour, fera date.

skazat a dit…

En effet, ces cas se banalisent depuis pas mal d'années, et ne sont pas uniquement le fait de "bandes de jeunes délinquants" présupposés.
C'est pourquoi il est impératif d'en appeler à un débat citoyen, non pas avec les politiques, aussi bien de gauche que de droite, responsables d'un véritable "ministère de la peur", mais bien avec le mouvement associatif.
Les réformes ne suffisent plus, seule une réelle volonté de changement au niveau local le permettrait.
Que l'Etat se retire des quartiers et qu'il laisse le relai aux assocs qui sont sur place ainsi qu'aus régions et citoyens.
Les subventions données irrégulièrement (et là j'emploie un terme agréable), ainsi qu'une politique laxiste menée sous la Ve république ont abouti à ces situations très dangereuses pour l'avenir. A moins que certains candidats à la présidentielle n'en retirent certains avantages pour brosser dans le sens du poil certains groupes de la population française.

Henri Alberti a dit…

Quelle est la position de José Bové la-dessus ?

skazat a dit…

je retrasncris ici les propos de Bové concernant une bavure policière à la gare du Nord (à ce titre, il y en a eu une autre à Rouen il y a à peine deux jours): " Les affrontements entre la population et les policiers à la gare du Nord illustrent la gravité de la crise traversée par notre société. Rien n’a été fait depuis la révolte de novembre 2005 pour réduire le fossé entre les jeunes et la police. Le langage provocateur et insultant de Nicolas Sarkozy et l’obsession de la culture du résultat introduite dans la police transforment chaque interpellation en une épreuve de force. La précarité qui touche des millions de personnes c’est aussi pour les jeunes des quartiers populaires des transports souvent économiquement inaccessibles et l’impossibilité de circuler librement. Ce n’est pas en brandissant le drapeau tricolore et en chantant la Marseillaise qu’on résoudra les questions sociales et de citoyenneté.

Je demande à ce que soit diligentée une enquête publique sur les circonstances des affrontements survenus à la gare du nord. Je demande la gratuité dans les transports publics, la dissolution de la BAC et le rétablissement des services publics de proximité dans tous les domaines y compris celui de la police nationale".

José Bové 28 mars 2007

Anonyme a dit…

Il y a d'abord eu les campagnes qui se sont vidées, souvent pour faire grandir malgré elles la pauvreté urbaine. Les banlieues (comprenez Grigny et non pas Neuilly) sont alors devenues une manière de marginaliser la pauvreté et d'isoler socialement et géographiquement les populations. Il restait malgré tout des quartiers authentiquement populaires à Paris. Ceux qui ont connu le XVIIIè ou Belleville dans les années 80 s'en souviennent encore. Cependant, l'inflation exponentielle des loyers (que les pouvoirs publics n'ont pas cherchée à enrayer) fait disparaitre les derniers irréductibles. Le traitement politico-médiatique des événements de 2005 et, plus récemment, les "bavures" policières (des bavures systématiquement répétées) nous indiquent clairement que nous sommes passés du stade de la marginalisation de la pauvreté à celui de sa criminalisation. Il est à ce titre intéressant de noter que Monsieur sarkozy et ses amis politiques de l'UMP proposent de mettre en place la politique mise en place par Giuliani, l'ancien maire de New York. Cette politique part du principe que celui qui brise une vitre est capable de commettre un meurtre, par conséquent, il faut châtier tous les délits, aussi mineurs soient-ils. Cette politique ne visait en aucun cas les patrons d'Enron mais bien les pauvres en priorité. Le résultat aujourd'hui est frappant. Dans cette même ville de New York, 1 afro américain sur 3 peut s’attendre à être incarcéré au moins une fois dans sa vie contre 1 latino américain sur 6 et 1 blanc sur 25. A ce sujet, le livre de Loïc Wacquant, "les prisons de la misère" (Ed Raisons d'agir, Paris 1999), donne un aperçu particulièrement saisissant de cette criminalisation de la pauvreté (dont la couleur n'est qu'un révélateur imparfait parmi d'autres). Après avoir enfermé les plus pauvres dans des ghettos, le New-York de Giuliani a jugé opportun de les enfermer en prison. Connaissant la position sur la question de celui qui était ministre de l’Intérieur il y a moins d’un mois, nous sommes en droit de nous demander ce qu'il se passerait s'il devenait président...après les banlieues, la prison ?

skazat a dit…

Et avant les banlieues en prison, les pédophiles ou autres atteints de maux irréversibles ou innés; et pourquoi pas les névrosés, les séropositifs, les sckysophrenes... ou bien encore les personnes atteintes de la grippe.
Bref, Mr Sarkozy promet de belles avancées si il parvient à être élu le 6 mai prochain.
De Saint-Denis à Sainte-Anne, en passant par la Santé, il n'y a qu'un pas. Et Sarkozy d'endosser le rôle d'agent sanitaire.

Anonyme a dit…

Vous connaissez la Liste de Chicago (rien à voir avec celle de Schindler, au contraire)?

C'est le Rapport du laboratoire psychopathique du Tribunal municipal de Chicago, 1922, dressant la liste des « personnes socialement inaptes » et stérilisables:

« Est socialement inapte toute personne qui, par son propre effort, est incapable de façon chronique, par comparaison avec les personnes normales, de demeurer un membre utile de la société. (…) Les classes sociales d’inaptes sont les suivantes : 1) les débiles mentaux ; 2) les fous ; 3) les criminels (y compris les délinquants et dévoyés) ; 4) les épileptiques ; 5) les ivrognes ; 6) les malades (tuberculeux, syphilitiques, lépreux, et autres atteints de maladies chroniques…) ; 7) les aveugles ; 8) les sourds ; 9) les difformes ; 10) les individus à charge (y compris les orphelins, les bons à rien, les gens sans domicile et les indigents). »
(cité par A. Pichot in La société pure, p. 215)

Unknown a dit…

Questions:

1. Que faisait un mineur sans papiers ? Il n'a pas obtempéré à la première sommation.

2. La femme enceinte, pourquoi est-elle intervenue ?.

En refusant d'obtempérer, ne pas s'étonner si on reçoit des coups.
Ne pas s'étonner à l'avenir si les flics tirent à balles réelles. Eux aussi, ils en ont marre de voir des petits merdeux (dont 90% d'étrangers) sortir des tribunaux avec des peines légères.
Alors, les flics ont une seule solution: tabasser à tout va.

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

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