vendredi 9 février 2007

URGENCE DE L'ENGAGEMENT POLITIQUE

par Raoul Marc Jennar, Michel Onfray, Yannis Youlountas

Un autre monde est en marche. Nous le pressentions. Nous l'entendons désormais. Il vient. Non pas vers les femmes et les hommes qui l'attendent mais à travers eux. Et ce n'est qu'à travers eux qu'il pourra advenir. A travers leur implication politique et, nécessairement, leur engagement politique.

La grande leçon du premier février 2007, jour de la candidature collective de José Bové, se situe d'après nous dans la victoire de la rébellion citoyenne sur l'impasse provoquée par des appareils politiques peinant à s'unir. Les femmes et les hommes qui ont réussi ce formidable pari l'ont fait en s'impliquant dans le débat politique au moyen d'un regroupement puis d'une pétition.

Cependant, cette implication ne saurait, à elle seule, suffire à la réappropriation de la politique par les citoyens. Si celle-ci est confisquée, cela vient moins du fait des organisations politiques que de la démission d'une majorité de citoyens désespérés, et pour cause. Le surgissement citoyen de ce mois de janvier, qui nous rappelle celui contre le TCE, nous offre à tous l'occasion de remédier à cette démission. Mais il nous faut pour cela aller au-delà de la signature au bas d'un appel. Il nous faut tous ensemble passer à l'engagement politique. Si nous ne nous occupons pas de la politique, la politique continuera à s'occuper de nous. Pour que le monde change, il nous faut chacun incarner ce changement, tant dans nos actes de la vie quotidienne que dans notre participation aux affaires de la cité. Pour nous réapproprier la politique, nous devons être la politique. Pour ne plus la subir, nous devons la réinventer. Pour ne plus la souffrir, nous devons l'aimer.

La candidature collective de José Bové dépend doublement de l'obtention des 500 parrainages de grands électeurs (maires, conseillers généraux, conseillers régionaux...). D'une part parce que c'est une obligation institutionnelle. D'autre part parce que c'est la garantie d'obtenir le remboursement partiel des frais de campagne. Nous ne sommes pas soutenus par des lobbies financiers ni ne bénéficions des largesses d'un grand parti aux caisses pleines. Nous partons de rien avec pour seule richesse celle de la profonde nouveauté et du vrai changement. Notre défi est immense : changer la politique pour changer la vie. Mais il faut pour cela nous changer nous-mêmes, c'est-à-dire assumer ce qu'autrefois nous déléguions. Cette candidature collective, c'est la nôtre.

À tous ceux qui hésitent, parmi nous, à contacter les maires et le conseiller général de leur canton, il nous faut répondre : "osez, agissez, rayonnez. Nous sommes le changement. C'est à nous d'agir. À nous seul. À nous tous".

Plus encore que les centaines de maires des grandes communes qui reçoivent presque tous les consignes d'un parti, adressons-nous aux milliers de maires des petites communes qui font battre le coeur de la Nation et qui sont le plus souvent sans étiquette. Plus de trente mille sur quarante mille n'ont pas encore parrainé un candidat. Disons-leur qu'ils sont des nôtres, que notre candidature collective est la leur également, et que notre campagne citoyenne est une reprise en main de ce que nous avons trop longtemps abandonné : notre bien commun premier à tous les autres, la politique.

Les moments que nous vivons sont passionnants. Nous sommes tout près de réussir. Cela ne dépend que de nous. Cette responsabilité est intéressante. Car elle porte en elle non seulement l'existence future de notre campagne officielle, mais aussi l'essence profonde de notre aventure collective. Il ne s'agit pas seulement d'être efficace, mais aussi d'être, tout simplement, ce que nous aspirons à devenir : des citoyens agissants qui reprennent leurs affaires en main et qui obtiennent le respect en se respectant eux-mêmes.

Il est temps pour nous tous de nous engager. Les jours passent et l'heure tourne. Nous ne pouvons plus attendre, il nous faut choisir : soit nous entrons pleinement dans le défi politique pour choisir ensemble notre avenir, soit nous en sortons pour continuer à le subir.

L'autre monde possible, celui que nous avons autrefois appelé de nos voeux avec José Bové, est aujourd'hui en marche.

Au regard des générations passées, présentes et futures,

au regard de tous ceux qui souffrent,

au regard de tous ceux qui baissent encore les bras,

il est de notre responsabilité de refuser la fatalité, dès maintenant, pour le bien de tous.

RMJ, MO, YY.

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